L’aventure du Brésil s’est donc arrêtée en demi-finale de leur Coupe du Monde. C’est terrible pour tout un peuple, qui en plus doit subir les moqueries du monde entier suite à la déroute de la demi-finale face à l’Allemagne (7-1). Un homme est donc la cible des Brésiliens mais également du monde du foot tout entier, le sélectionneur Luiz Felipe Scolari. Comme tout entraineur, il a une part de responsabilité dans un échec mais ce serait trop facile de dire qu’il est le seul responsable.
Scolari prend la tête de la Seleção en novembre 2012 pour remplacer Mano Menezes, limogé précédemment en raison de résultats médiocres et de méthodes discutés et discutables. Depuis deux ans et la nomination de Mano Menezes (le 24 juillet 2010), la Seleção se cherche et alterne le bon et le mauvais. Jamais il n’aura réussi à apporter de la stabilité après le départ de Dunga à la tête de la sélection. Pire encore, quand il a pris l’équipe en main, les Auriverdes était troisième au classement FIFA. A son départ, le Brésil avait chuté à la treizième place. Un record !
Scolari arrive donc comme le Messie. Enfin revient … car il fut le sélectionneur qui fera gagner la Seleção en 2002. Il bénéficie donc d’une forte popularité au Brésil, tant auprès des médias que du public et même des anciennes gloires comme Pelé ou Romario. A son arrivé, le climat est tendu. Les supporters sont anxieux à l’approche de leur Coupe du Monde, les médias critiquent de plus en plus et le président de la Fédération est sous pression. Scolari est donc un choix de sécurité pour apaiser tout cela. Avec la victoire en Coupe de Confédération en 2013, l’année post-Coupe du Monde est plutôt satisfaisante. Et ça marche bien jusqu’à … leur Coupe du Monde. Dès le premier match, la tension et la fragilité du groupe est palpable. Ce sera le cas, tout au long de cette Coupe du Monde jusqu’au désastre de la demi-finale.
Scolari aura donc réussi à faire espérer les Brésiliens jusque-là mais aujourd’hui ces derniers lui reprochent ses choix. Il est vrai que certains sont discutables mais avait-il beaucoup d’autres solutions de rechange ? La vraie question est ici car ce Brésil n’avait pas les armes pour gagner sa Coupe de Monde. Et même si Scolari aurait pu faire d’autres choix dans sa sélection des 23 avec la sélection d’autres joueurs tel Ronaldinho, Kaka, Lucas Moura ou Coutinho et la titularisation de Ramires ou Hernanes au milieu de terrain, il y a peu de chance que tout ceci aurait changer beaucoup de chose. Le vrai problème de ce Brésil est simplement ses joueurs, avec une génération moyenne hormis sans doute Neymar.
Tentative d’explication. Quand on prend le groupe de 23 des Brésiliens, on se rend compte que moins de la moitié des joueurs jouent dans les TOPS clubs Européens. Daniel Alves (FC Barcelone), Dante (Bayern Munich), David Luiz (Chelsea), Marcelo (Real Madrid), Fernandinho (Manchester City), Oscar (Chelsea), Ramires (Chelsea), Willian (Chelsea), Neymar (FC Barcelone). Et dans ces derniers, peu sont les “stars” de leur club. Alves est en fin de cycle, Dante n’est pas titulaire, David Luiz ne joue pas en défense centrale, Marcelo n’est plus titulaire indiscutable, Fernandinho a fait une bonne saison mais pas suffisamment pour effacer Yaya Touré, Oscar n’est pas le génial meneur de jeu que le Brésil attend, Ramires est utilisé à droite en sélection avoir qu’il est bien meilleur dans l’axe du milieu, William est encore jeune et Neymar a été longtemps blessé cette saison même si sa Coupe du Monde a été bonne. Personne ne ressort donc vraiment de ce groupe de joueurs issu des TOPS clubs.
Pour les autres, pas beaucoup mieux. Le capitaine Thiago Silva a montré des signes de fragilité inquiétants (surtout pour le PSG). Se sentait-il trop seul pour assumer cette énorme pression ? Julio Cesar (Toronto) a sauvé la patrie aux tirs au but contre le Chili et n’a pas grand-chose à se rapprocher mais ce n’est plus le grand gardien qui fera basculer un match dans les instants cruciaux. Luiz Gustavo (Wolfsbourg) et Paulinho (Tottenham) n’ont pas été à la hauteur et son simplement des joueurs très moyens. Que dire des attaquants … Bernard (Shakhtar Donetsk), Fred (Fluminense), Hulk (Zenit Saint-Pétersbourg), Jô (Atletico Mineiro) ! Même si Hulk a fait de bonnes choses, il est aussi devenu un joueur moyen depuis qu’il est en Russie. Bernard et Jô sont des remplaçants pitoyables et l’attaquant titulaire qu’est Fred ne pouvait porter les Brésiliens au sommet. L’ancien joueur de Lyon n’est pas revenu jouer au Brésil par hasard mais simplement parce qu’aucun grand club d’Europe ne voulait de lui. Tout est dit … et surtout tout était écrit.
Ce Brésil est moyen et n’avait aucune chance de remporter sa Coupe du Monde. Alors oui, Scolari a échoué dans sa quête de titre mondial mais au fond, avait-il les moyens de faire beaucoup mieux que cela avec une telle génération ?