Il fait parti de la maison Canal + depuis de nombreuses années mais Philippe Doucet ce n’est pas seulement cela. Passionné de football, ce qu’il aime c’est avant tout le jeu. Rencontre.
Qui es-tu Philippe Doucet ?
Un passionné de foot, devenu journaliste pour exercer sa passion.
Quelqu’un d’ordinaire finalement, mais qui a eu la chance de faire de ses hobbies (foot et écriture) son métier.
Quelle fut “ta carrière” de footballeur ?
Amusant ! On ne m’a jamais posé cette question. J’ai eu une carrière modeste pour plusieurs raisons : D’abord, j’ai eu le tort de jouer gardien pour rendre service quand j’étais tout jeune. Ensuite, j’étais un touche-à-tout qui aimait pratiquer tous les sports (tennis, golf…), donc je n’ai jamais été fort dans aucun en particulier.
Aussi parce que je n’avais aucune qualité physique. Bref, juste un milieu de terrain élégant, très collectif, ayant toujours joué avec des potes, donc jamais à un bon niveau.
As-tu toujours voulu être journaliste sportif ? Et pourquoi avoir débuté dans le golf ?
J’ai voulu être journaliste après mes études. Une fois que je me suis dit que ce serait sympa de faire de mes hobbies un métier plutôt que de travailler dans le domaine de mes études. J’ai commencé par le golf car c’est le seul piston que j’ai trouvé pour débuter dans ce métier que je ne connaissais pas du tout.
C’est quoi un journaliste sportif dans le football ?
C’est d’abord un journaliste comme un autre. C’est-à-dire que, dans mon cas, il a fallu que je passe de la passion du foot à journaliste. Car c’est un vrai métier.
Quelles qualités faut-il pour l’exercer ?
La passion et la connaissance ne suffisent pas, évidemment. Il faut avoir le sens de la hiérarchie des informations, savoir raconter une histoire..
Tu es sur Canal + depuis 1989, c’est une seconde famille ?
Évidemment, merci Charles Biétry. Sans lui, je ne vois pas pourquoi j’aurais fait de la TV. Ce n’était pas ma passion et l’écriture l’était bien davantage. C’est lui qui a pensé à moi, sans doute parce qu’il cherchait, à son image, des journalistes différents de ceux qui faisaient de la TV. Il pensait qu’un bon journaliste (bien formé par lui) ferait forcément un bon journaliste de TV. Il a évidemment raison. C’est lui qui m’a proposé de rentrer à Canal +. Seconde famille, je ne sais pas. Mais, en tout cas, je suis très marqué par Canal +, dans ma culture comme dans ma façon de vivre mon métier.
Canal +, c’est pour la vie ?
On ne peut pas dire cela. D’abord, je ne sais pas si je ferai ce métier toute ma vie. Je suis un peu touche-à-tout et j’aime faire d’autres choses. Déjà, je ne suis plus salarié à Canal+. Donc, cela peut s’arrêter très vite. A la fin de mon contrat, par exemple. Et pas forcément de par ma volonté…
Que rêves-tu de faire après la télévision ?
J’adore la radio et sa légèreté. Mais je n’ai jamais eu de proposition réellement excitante pour penser passer de l’un à l’autre. Si je change, ce sera peut-être plutôt pour faire un autre métier.
“Ce qui me passionne le plus dans le foot, c’est le jeu.”
L’analyse tactique, c’est une passion ou une opportunité ?
Ce qui me passionne le plus dans le foot, c’est le jeu. J’aime toujours autant le jeu, moins peut-être le milieu.
Raconte nous l’histoire de la “Palette à Doudouce. Qui l’a inventé et pourquoi ?
Longue histoire. La palette graphique a sévi dans le foot américain, il y a déjà longtemps. Charles Biétry et Didier Roustan l’ont parfois utilisé pour des sujets. Mon idée (avec Thierry Gilardi et Michel Denisot) a été d’en faire un outil de direct pour les soirées Ligue des Champions en 1999. L’idée était d’être capable d’analyser une action à la mi-temps et à la fin d’un match. C’était ça le défi. C’est une année où j’ai apporté la palette et les statistiques développées sur les directs. L’idée, c’était de développer les outils d’analyse du foot. Je ne savais pas alors que cela deviendrait un emblème, un nom (“la Palette à Doudouce”) et que cela changerait ma carrière et ma fonction.
Tu es également membre du Comité scientifique du sport. A quoi cela consiste ?
C’est juste une sympathie pour les travaux de “Sport et Citoyenneté”, un think tank sur l’Europe du sport.
“Je suis passionné par l’Afrique, plus encore que par son football.”
Tu es aussi un expert du Football Africain. Pourquoi ce continent ?
J’étais toujours candidat au voyage à Canal+. J’ai d’abord fait les coupes intercontinentales au Japon, puis il y a eu la CAN. J’ai découvert l’Afrique grâce à Canal + et la CAN. Je reste passionné par ce continent, plus encore que par son football.
Président du SCO d’Angers, c’était une belle aventure ?
Très belle aventure d’un an de boulot fou pour relancer ce club moribond et le faire monter en Ligue 2 avec des gens de qualité comme Eric Guérit (entraîneur), Olivier Guéguan (capitaine) ou Gennaro Bracigliano. Je suis parti vite pour vivre deux ans d’emmerdes majeurs ensuite, parce que des opportunistes peu regardants sur les moyens avaient vu dans ce club relancé un moyen de récupérer de l’argent, du pouvoir, de la notoriété ou autres ambitions peu estimables.
Rouen, c’est une nouvelle aventure au sein d’un club ?
Non, le FCR est mon vrai club de cœur (j’ai vécu 20 ans à Rouen). Le Président du club a souhaité que je l’aide dans une phase difficile. J’ai essayé, mais c’était trop tard. Et je ne suis pas resté lorsque le Président est parti. L’expérience d’Angers m’a appris combien il était difficile pour un club de repartir de si loin et je ne suis plus revenu dans un club depuis.
Que penses-tu de la Ligue 1 ?
La Ligue 1 souffre terriblement pour trois raisons. Le modèle public de notre sport n’est plus adapté à ce siècle. Le manque de culture, d’identité des clubs aussi. A chaque président, un club est bouleversé et change du tout au tout. Et financièrement, évidemment. Du coup, notre championnat est fait d’un club qui surnage au-dessus de tout avec ses moyens colossaux (le PSG), de tigres de papier qui n’ont pas les moyens de leurs ambitions, et de petits clubs modèles mixtes L1-L2 qui peuvent s’en sortir d’autant mieux que les gros souffrent.
Peux-on garder espoir pour les années futures ?
Il faut garder espoir car on ne peut exclure de bonnes nouvelles. Des gens de grande qualité qui viendraient dans le foot, par exemple. Pourquoi les grands hommes d’affaires se limitent-ils au rugby ? L’image du foot ? Il faut aussi regarder de près ce que fait l’OL aujourd’hui. On a intérêt à ce que le projet de stade privé de ce club réussisse. Sinon, cela voudra dire qu’en France, il n’y a d’avenir qu’à travers des investisseurs qataris, chinois ou autres. Autant jeter la pièce en l’air…
T’intéresses-tu au football féminin et au foot amateur ?
Quand on aime le foot, c’est globalement. J’ai mis du temps à venir au foot féminin. Mais maintenant, c’est vraiment pas mal du tout. Quand au foot amateur, c’est la base. Un bon match de CFA, j’adore. Les matchs de gamin, c’est frais. Je prends toujours plaisir à suivre la Danone Nation Cup (moins de 13 ans) tous les ans.
Coupe du Monde du Football ou Jeux Olympique, c’est quoi le plus fort pour toi ?
L’audience de la Coupe du Monde, c’est 10 fois celles des JO (si l’on enlève les cérémonies d’ouverture et de clôture qui ne sont pas du sport). Ça veut tout dire, non ?
Que fais-tu en dehors du foot ?
J’ai ma vie. Je n’en parle nulle part. Je ne suis pas un personnage public, pas besoin d’en parler.
Ça paye bien le métier de journaliste ?
Très modestement (mieux à la TV qu’ailleurs, quand même) comme tous les métiers dits essentiels de la société : juges, professeurs, etc… Vous savez tous ces métiers à qui on demande une droiture, une éthique. Cherchez l’erreur.
Cette histoire de la FIFA, franchement, ce n’est pas Michel Platini !
Que penses-tu de “l’affaire” Platini ?
Elle me touche beaucoup. J’ai toujours adoré le joueur Michel Platini, symbole d’intelligence . Et je n’oublie jamais notre “duo impossible” de la palette. J’ai appris à apprécier l’homme, et sa malice, son intelligence instinctive. Alors, cette histoire de la FIFA, franchement, ce n’est pas lui.
Quel est ton plus grand souvenir de foot ?
Ce sont sans doute les vestiaires entre potes. Avec ces engueulades et ces discours enflammés. Finalement, le terrain, c’est le plus passionnant. De la tribune de presse, c’est déjà un peu moins grand. Même une finale de coupe du Monde.
Tes footballeurs préférés ?
Vaste question. Limitons-nous à aujourd’hui. Messi est un génie sans pareil. Comme on en a tous les 30 ans.
As-tu une exclu pour moi ?
Ben non. Je n’ai jamais été un journaliste de scoop. Le foot m’a toujours passionné. Le mercato, pas du tout…
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