Ma lettre d’amour à Raymond Kopa…
Cher Raymond,
Tout d’abord, je voudrais m’excuser. M’excuser d’être trop jeune et de ne pas t’avoir vu jouer au football en vrai. Voir le spectacle offensif que tu proposais à chacun de tes matchs, admirer ton intelligence tactique et ta vision du jeu, chavirer de bonheur à chacun de tes buts ou de tes dribbles dévastateurs. Quelles joies as-tu offert à des milliers de spectateurs passionnés dans des stades pleins et festifs! Dans une ambiance familiale sans violence et sans haine. Ce regret éternel ne sera jamais compensé, ni même atténué par les vidéos qui me font percevoir ton talent, ta générosité, ton enthousiasme mais qui ne remplaceront jamais ce qu’ont vécu nos parents et grands parents au bord des pelouses du début des années 50 jusqu’ la fin des années 60.
Malgré tout, le plus important est ailleurs. Aujourd’hui, nous les passionnés de football, nous pouvons continuer de vibrer pour ce sport que tu as grandement contribué à transformer vers quelque chose de tellement beau à regarder et en faire un exemple à reproduire pour les football en herbe.
Si le football français est aujourd’hui encore considéré comme l’un des meilleurs au monde, c’est en partie grâce à toi, mon Raymond. Tu as d’abord montré qu’un club français pouvait se hisser parmi les grands d’Europe comme tu l’as fais avec tes copains du Stade de Reims. Précurseur, avec ton départ pour le grand Real Madrid, une première donc pour un footballeur français, tu as également démontré la capacité de nos concitoyens à s’adapter à la vie à l’étranger. Ceci est encore le cas aujourd’hui, les étrangers louant nos capacités à nous adapter rapidement. Toi, notre “Napoléon” du football, tu prouveras également qu’un footballeur français peut être de taille normal (1m68), venant d’un milieu modeste, passant par le travail dans les mines, et pourtant avoir la classe sur et en dehors du terrain. La grâce d’un footballeur techniquement doué, enivrant les foules de tes dribbles chaloupés déséquilibrant les défenseurs adverses. Tes passes lumineuses exécutées parfaitement après avoir fait preuve d’une vision du jeu remarquable. Plus meneur de jeu que buteur, tu as démontré au cours de ta carrière comment un génie du dribble pouvait également avoir le sens du but et le sang froid nécessaire que seuls les buteurs connaissent.
Tu fus le premier Ballon d’Or français en 1958 et tu as une nouvelle fois ouvert la porte à Michel Platini, Jean-Pierre Papin et Zinedine Zidane vainqueurs également de cette récompense individuelle.Si Platini et Zidane sont devenus des génies du football, c’est évidemment grâce à leur talent et à leur travail mais il ne faut jamais oublier les inspirateurs… Tu avais tracé la voie, il n’avait plus qu’à s’y engouffrer. Tu les as pleinement inspiré, Platoche et Zizou. Alors pour cela aussi nous te devons beaucoup, mon Raymond.
Il ne faut certainement pas oublier l’équipe de France qui est passée si près d’une première victoire lors de la Coupe du Monde 1958 en Suède. Le beau jeu à la Française était né.
Je continuerai de parler de toi à mes enfants et petits enfants jusqu’à mon dernier souffle, et je leur dirai que si on veux comprendre le football français, il faut connaitre et comprendre qui été Raymond Kopa.
Alors comme disait un certain Thierry Roland (un peu détourné) “Après avoir vu jouer Raymond Kopa… il peut mourir tranquille… et en paix.”
Merci Raymond !