Romuald Nguyen, travaille au sein de la Fédération Française de Football depuis plusieurs années. Depuis quelques mois, il est le directeur du football français en Chine. Il nous raconte son parcours et sa nouvelle mission pour le football français.
Qui es-tu Romuald Nguyen ?
Je suis le directeur du bureau du football français en Chine, 37 ans, marié et un enfant.
Raconte-nous ta jeunesse footballistique ?
Au football, j’étais celui qu’on prenait en dernier dans son équipe pour occuper le poste de gardien de but… Heureusement, le judo était là pour mettre en avant d’autres de mes qualités !
Tu as d’abord été président dans un club de judo avant d’arriver dans le football ?
Exactement ! C’est là que tout a commencé. A 21 ans, on m’a proposé de présider mon club de cœur qui présentait un déficit de 20.000 euros et comptait 50 adhérents. Plusieurs parents bénévoles bienveillants m’ont soutenu dans cette mission, et nous comptons désormais plus de 200 adhérents chaque année dans une ville de 5.000 habitants à l’époque : Saint Thibault des Vignes. J’ai pris un immense plaisir à « travailler » dans le sport et cette expérience a été un atout indéniable pour intégrer le Master 2 de droit et économie du sport de Limoges, puis le marché du travail. A 23 ans, j’avais déjà 3 ans d’expérience dans la gestion d’une structure sportive.
Tu as aussi travaillé à la Fédération Française de Football Américain. Comment passe-t’on du F.A. au Soccer ?
Mon premier poste était effectivement responsable administratif de la Fédération Française de Football Américain. Progressivement, je suis devenu directeur administratif et financier. Le président de la FFFA était également président de la Fédération Internationale de Football Américain. J’ai donc travaillé pour les 2 structures. Lorsque mon président a démissionné, j’ai fait savoir à mon réseau que j’étais disponible et la FFF m’a contacté pour intégrer la Direction Nationale de l’Arbitrage.
Le football, c’est une passion ou juste un métier ?
C’est un métier passionnant !
Tu n’as jamais eu envie de travailler pour un club de Football ?
J’adore ce que je fais et j’ai une feuille de route pour quelques années. Je ne suis pas réfractaire à l’idée de connaitre l’expérience d’un club un jour. Au sein d’un club, nous sommes plus proches des terrains et la performance occupe le quotidien. C’est pour cela que nous sommes plusieurs à travailler dans le secteur sportif. Le club permet de vivre des émotions fortes qu’il est difficile de trouver par ailleurs.
Tu as d’abord intégré la FFF comme responsable financier et administratif. Explique-nous ce qu’est cette fonction ?
J’ai en effet assuré ce poste au sein de la Direction Nationale de l’Arbitrage. En quelques mots, j’étais responsable de tous aspects non technique de l’arbitrage, sous la supervision de mon directeur de l’époque : gestion du budget, paie des arbitres, contentieux, organisation des stages, partenariats et relations internationales, etc. Certaines missions impliquaient des enjeux à la fois technique et administratif : dans ce cas, l’enjeu sportif doit toujours être la priorité.
Est-ce différent dans le football que dans le privé ?
La FFF est une association de droit privé donc nous sommes « dans le privé ». Elle bénéficie d’une délégation de service public mais nous demeurons une structure privée. En revanche, l’association n’a pas un but lucratif de sorte que gagner de l’argent passe après notre souhait de gagner des titres.
Quel était ensuite ton rôle au sein de l’UEFA ?
J’étais Venue Director pour l’UEFA lors des matchs de Champions League et d’Europa League. Il s’agit de missions ponctuelles durant lesquelles nous sommes les garants du respect de la réglementation des compétitions, sous la responsabilité du délégué du match. Le Venue Director est désigné sur un stade et il officie aussi longtemps que l’équipe locale participe à une compétition européenne.
Responsable des Affaires Institutionnelles et Internationales au sein de la FFF, c’est quoi ce métier ?
Cette personne est chargée d’assurer le lien, sur tous les sujets en cours, entre la FFF et les institutions françaises (gouvernent, parlement, sénat, think-tank, société civile, etc.) ainsi que les interlocuteurs internationaux (fédérations, confédérations, fédérations internationales, etc.). Cette mission implique notamment de mettre en relation les directions opérationnelles de la FFF et ces différents partenaires afin de promouvoir les actions de la FFF en trouvant les meilleurs synergies.
Tu viens d’être nommé Directeur du bureau de la FFF en Chine. Félicitations ! Mais c’est quoi ce job ?
Ce bureau est une structure commune entre la FFF et la LFP, qui ont souhaité unir leurs moyens pour promouvoir le football français à l’international. D’une certaine manière, nous sommes une porte d’entrée unique pour les acteurs du football chinois qui s’intéressent au football français et réciproquement. Etre Directeur de ce bureau, c’est tout simplement le diriger et le développer !
C’est quoi l’intérêt pour le football français de s’installer en Chine ?
Nous y voyons un triple intérêt :
- promouvoir le football français (notamment Ligue 1, équipes de France et nos Coupes) en Chine
- développer et faciliter les échanges culturels et sportifs dans les deux pays
- développer nos activités commerciales avec les partenaires chinois
La FFF mise sur la Chine pour le futur, c’est étonnant quand même ?
C’est étonnant pour ceux qui ignorent le travail que nous faisons depuis des années sur la scène internationale. La France a toujours été un acteur important du football mondial. Nous sommes à l’origine de la FIFA, de l’UEFA et de l’actuelle Champions League. Plus récemment, nous avons développé des relations fortes et durables avec plusieurs pays asiatiques, africains et nord-américains. Miser sur la Chine s’inscrit naturellement dans cette dynamique, étant précisé que les institutions chinoises et la fédération chinoise de football nous ont témoigné d’un intérêt suffisamment fort pour justifier l’ouverture d’un bureau sur place.
Pourquoi pas les États-Unis, l’Inde, le Qatar, le Japon, l’Afrique, l’Amérique du Sud ?
Nous coopérons avec ces pays depuis très longtemps et nous sommes très satisfaits des excellentes relations que nous entretenons avec eux. Cependant, il s’agit essentiellement, pour le moment, d’échanges avec des fédérations nationales ou des ligues professionnelles, non avec un Etat. Par exemple, la fédération a été retenue par la Major League Soccer (USA) pour former ses directeurs d’académie et la troisième promotion vient de débuter la semaine dernière. En Chine, l’ambition est soutenue par le plus haut sommet de l’Etat et cette différenciation a été très importante dans notre décision d’ouvrir notre premier bureau à l’étranger.
Tu vas vivre 100 % de ton temps en Chine ?
Je vis effectivement à 100 % en Chine. La taille du pays, le nombre d’interlocuteurs et la culture du pays nécessitent d’être en permanence sur le terrain. Selon nous, cette marque de respect constitue le postulat de départ de tout projet durable.
A qui vas-tu rendre compte à la Fédération ?
Au sein de la FFF, je rends des comptes à mon directeur qui est à l’initiative du projet, Victoriano Melero. A la LFP, mon interlocuteur quotidien est le responsable du développement international, Gaël Caselli.
Combien de temps va durer cette mission ?
Nous sommes convenus de faire un premier bilan global au bout de 3 ans. Si à l’issue de cette période les choses se passent comme nous le souhaitons, le projet se poursuivra pour une durée indéfinie.
La FFF, c’est pour la vie ?
Aujourd’hui, je me sens très bien à la FFF et je n’ai aucune raison d’envisager de la quitter. Cependant, j’ai 37 ans et bien entendu encore l’envie d’apprendre et d’enrichir mon expérience. Comme j’ai eu l’occasion de l’indiquer, je ne suis pas fermé à l’idée de connaitre l’expérience d’un club un jour.
Comment imagines-tu la suite de ta carrière ?
Depuis mes débuts professionnels, j’ai le plaisir de me rendre au travail avec une grande motivation tous les jours. Je n’y suis jamais allé sur les talons. Le jour où cela m’arrivera, il sera temps pour moi de découvrir de nouveaux horizons.
Que penses-tu des Bleus et des Bleues ?
La performance n’a pas de genre. J’ai une profonde estime pour ces athlètes qui vont au bout de leurs rêves sans se préoccuper des gens, bienveillants ou jaloux, qui ont voulu couper les ailes de leurs ambitions. J’ai eu la chance d’échanger avec plusieurs champions et j’ai toujours retrouvé des valeurs qui m’inspirent : plaisir, détermination et humilité.
Quel est ton club favori ?
Le LOSC
Et ton joueur ?
Hugo Lloris
Quel est ton plus grand souvenir de foot ?
Sur le terrain, le match France-Brésil du 12 juillet 1998 et en dehors du terrain, le match France-Allemagne du 13 novembre 2015.
As-tu une exclue pour moi ?
Je n’ai jamais accès aux exclusivités !
Pour définitivement bien te connaitre, “l’interview en un mot” :
Ton artiste : Steven Mc Curry
Ton film culte : Le dernier Samouraï
Ta chanteuse : Daniela Andrade
Ton chanteur : Charles Bradley
Ton appli mobile : WeChat
Ta série TV : Friends
Ton acteur : Denzel Washington
Ton look de tous les jours : Costume
Ton style vestimentaire pour les sorties : Costume ou jean-basket
Ta couleur fétiche : Bleu
Foot manager ou FIFA : FIFA
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