Valentin Focki, tente l’aventure Belge à Royal Excelsior de Virton

Le 06 janvier 2013, Stade de la Colombière à Épinal, 32èmes de finale de Coupe de France entre le Stade Athlétique Spinalien (National) et l’Olympique Lyonnais. A la surprise générale, Épinal s’impose aux tirs au but. Mené 3 à 2 à 15 min de la fin du match, Épinal égalise lors d’une attaque coté droit. Valentin Focki, jeune milieu droit de 23 ans, gagne son duel face à M. Dabo et trompe R. Vercoutre. Le vent vient de tourner, Épinal tient son exploit ! La France du foot vient de découvrir une belle équipe de National et quelques jeunes joueurs au potentiel intéressant. Parmi eux, Valentin Focki. Rencontre avec ce football parti s’éclater en Belgique.

Qui es-tu Valentin Focki ?

Je viens de faire les deux dernières saisons à Épinal en National. Avant, j’étais à Vesoul en CFA, également deux saisons et de 2003 à 2009 au centre de formation de l’AS Nancy Lorraine. Alors que je jouais dans un club près des chez moi, Saint Étienne les Remiremont, j’ai fait les sélections départementales, régionales et nationales à Clairefontaine où j’ai participé au concours Prédator et je suis même allé jusqu’au bout. Suite à cela, j’ai été contacté par Nancy, Sochaux, Metz et Strasbourg pour intégrer leur centre de formation. Nous les avons rencontrés avec mes parents et l’ASNL a été le plus convainquant.

Sais-tu pourquoi l’AS Nancy Lorraine ne t’as pas fait signer un contrat pro à la fin de ta formation ?

Je suis d’une génération où peu d’entre nous sont passés pro. Pour ma part, ma dernière année au centre de formation a été compliquée car j’ai été plusieurs fois blessé et je n’entrais plus dans les plans du coach. Je n’ai pas réussi à m’imposer en CFA. Le club m’a tout de même fait une proposition pour une saison supplémentaire car j’étais en fin de contrat. J’ai quand même décidé de partir pour sortir du cocon du centre de formation, pour ne pas stagner, pour aller voir ailleurs et me débrouiller un peu tout seul. Ce n’a pas été facile au début car je n’ai pas trouvé de club tout de suite. Quand on est au centre de formation, on se voit trop beau, on croit que les clubs vont être à nos pieds et en fait “tu n’es rien du tout” ! Quand on est dans un centre de formation, tout est confortable, on pense qu’en sortant dans la vraie vie ça sera pareil. Mais en fait, on est seul avec son entourage. Je n’avais pas d’agent mais je commençais à être entouré pour des conseillers sportifs qui m’ont beaucoup aidé à ce moment-là. J’ai pas mal galéré, je suis allé faire des essais en Belgique et au Luxembourg, également un 1er essai à Épinal mais ils ne pouvaient pas me prendre car ils avaient déjà bouclé leur recrutement. J’ai ensuite vu que Vesoul était repêché en CFA, j’ai donc appelé une connaissance qui était là-bas et je suis allé faire un essai qui a été concluant.

Épinal, où tu as passé deux saisons, a l’air de t’avoir marqué et laissé de bons souvenirs ?

Oui c’était intéressant mais à la base je suis revenu à Épinal pour me rapprocher de ma famille car je commençais vraiment à être fatigué du foot. On a appris en juillet que le club était repêché en National et je me suis dit : « c’est une deuxième chance, saisis la ». Le niveau National, c’est quelque chose ! C’est très intéressant au niveau du jeu, moins physique que le niveau CFA, plus technique et ça permet de découvrir autre chose dans les autres régions de France.

En juillet, tu as signé au Royal Excelsior de Virton en Belgacom League (Ligue 2 Belge). Pourquoi la Belgique ?

Disons qu’au départ Épinal n’avait fait une belle proposition mais avec la descente en CFA j’avais plutôt envie de rester en National en France. Mais il y avait trop d’incertitudes. Et puis un jour, mon agent m’appelle et me dit qu’il a été contacté par un club en D2 Belge. Pour moi c’est une grosse découverte car je ne connaissais pas du tout. Mais après plusieurs entretiens, on s’est mis d’accord.

Tu n’es pas le seul français à Virton. C’est forcement rassurant ?

En changeant de pays, la mentalité change quand même mais franchement s’il n’y avait eu que des Belges ça n’aurait pas été un souci. Moi je suis venu pour découvrir ce nouveau championnat, ce nouveau pays. C’est bien qu’il y est des français mais ça ne change pas grand-chose. A Virton, ce sont des Wallons donc il parle Français, c’est plus facile que si cela avait été chez les Flamands.

Tu vas également retrouver ton copain d’Épinal, Yohan Dufour. C’est grâce à lui si tu es là ?

Avec Yohan, on s’est retrouvé par hasard car lui avait déjà signé deux ou trois semaines auparavant. J’avais essayé de l’appeler mais il était en vacances à l’étranger donc on s’est revu que le jour de la reprise et n’est donc pas intervenu dans mon choix.

Est-ce si compliqué que cela, de percer dans le foot pro ?

J’ai toujours dit aux jeunes qui se mettent en tête de passer professionnel : le foot, c’est toi et ta chance ! C’est une succession de petites choses qui se passent dans ta carrière qui font que tu vas y arriver ou pas. Si tu as des blessures, si tu ne plais pas au coach …… tu peux difficilement le changer et ça devient compliqué. Quand je suis rentré au centre de formation, on m’a dit : “beaucoup d’appelés et peu d’élus” ! Dans ma génération, ils sont seulement trois du centre de formation à être passé professionnel.

Tu as également joué avec Sandy Paillot, formé à Lyon est grand espoir de la génération 87. As-tu discuté de cela avec lui ?

Sandy, c’est un ami. Bien sûr que nous en avons discuté. Avec son expérience, j’étais souvent à son écoute et j’ai souvent échangé avec lui. Et même pour les périodes de transfert, je lui demandais des conseils. Il a aussi vécu des galères et il sait comment gérer ces choses-là. Cela prouve bien qu’être footballeur de haut niveau ce n’est pas simple. Quand on passe de la ligue des champions à Épinal, c’est le grand écart.

Quelles sont les clefs pour y arriver ?

Si j’avais vraiment la réponse, je n’en serais pas là aujourd’hui ! Il faut d’abord beaucoup d’exigences envers soi-même. L’hygiène de vie est importante pour être au top. Il faut rester sérieux tout le temps. Dès qu’on a un jour de repos il faut le prendre, il ne faut pas manger n’importe quoi, il faut faire des sacrifices. Mais ce n’est pas non plus parce que tu fais des sacrifices que ça marche. C’est vraiment à chacun de saisir sa chance. J’ai un ami qui a été appelé par un club Anglais pour remplacer un pro qui s’était blessé à l’entrainement. On lui a donné sa chance et il n’a plus jamais quitté le groupe pro. Il faut savoir saisir les opportunités car tout va très vite.

Quel regard as-tu sur le foot français actuel ?

Le championnat Français est ce qu’il est. On perd des points à l’indice UEFA chaque saison et c’est bien dommage. Mais ce qui est bien c’est l’arrivée des Qataris à Paris et des Russes à Monaco. Cela va booster notre Ligue 1 ! Et ça va pousser les autres clubs à revoir leur recrutement même s’ils n’ont pas les mêmes moyens, ça va sans doute tirer le foot Français vers le haut. C’est positif.

Concernant l’équipe de France, je pense que c’est pas top mais je ne pense pas que ce soit tout de leur faute. On leur met toujours beaucoup de pression et il y en a qui ne supportent peut être pas tout cela. Quand on est sur le terrain, ce n’est jamais facile.

Penses-tu qu’il y a vraiment un décalage entre le monde pro et amateur ?

Oui, ça on ne peut pas le nier. Ce sont surtout les conditions et le confort d’entrainement qui sont très différents. On a juste à se soucier de notre jeu, pas des équipements et autres. On peut venir à l’entrainement avec la serviette et le caleçon ! Tous les autres équipements sont lavés et ranger dans nos casiers sans avoir besoin de s’en préoccuper. On peut aller travailler sereinement en se concentrant sur le terrain. A Virton, le club n’est pas pro mais on pourrait le croire. A Épinal, c’était différent mais on était un des plus petits budgets de National.

Quelles sont tes qualités et défauts “footballistiques ”? Et dans la “vraie” vie ?

Mes défauts dans le foot : le jeu de tête et également mon engagement physique qui pourrait être amélioré surtout dans les duels “corps à corps”, “mettre plus le pied”. Peut être aussi avoir plus de vice ! Mes qualités : la vitesse, l’endurance, mes qualités de centre.Dans la vie, je suis trop gentil mais je peux être de temps en temps lunatique. Par contre, je suis sociable, je suis beaucoup à l’écoute des autres et j’aime aider les autres.

Je crois savoir que Franck Ribery est un de tes modèles. Inspires-tu de lui ?

Tous les matchs que je peux regarder de lui, je regarde. Même si lui il joue le plus souvent à gauche et moi plus à droite, on retrouve les mêmes actions, les mêmes caractéristiques. Je m’en inspire beaucoup. Il a tout, il est vif, il donne des passes décisives …. Dès que je peux regarder, même une rediffusion, je regarde, c’est sûr. Et heureusement qu’il est là avec l’équipe de France en ce moment.

Virton c’est juste un tremplin pour revenir plus fort en France ?

Je suis encore jeune donc j’ai toujours l’objectif d’aller le plus haut possible. Je ne cache pas de dire que Virton est sans doute un tremplin pour rebondir. La D2 Belge est beaucoup regardée. Si on fait une saison pleine, tout est possible.

Quels sont les objectifs du club cette saison ?

Le club vient de monter donc forcement l’objectif c’est le maintien. On sait qu’il y a eu un bon recrutement, qu’il y a un bon niveau et qu’on peut jouer les troubles-fêtes et faire parler de nous cette année.

Et tes objectifs personnels ?

Ils rejoignent les objectifs communs donc se maintenir, jouer les troubles-fêtes, “mettre un peu le bazar”.

Vous avez un jeune entraineur (Franck Defays 39 ans), quelles sont ses méthodes de travail ?

Il est très exigeant. Quand il est content, il le montre mais modérément et je pense que c’est bien, ça permet de se remettre en question à chaque fois. Il est vraiment sur les valeurs humaines. Il dit : ” C’est avec le cœur qu’on va réussir à faire de grandes choses, pas seulement avec les pieds”. Il était comme ça étant joueur.

Est-ce différent des entraineurs en France ?

Oui car le championnat de D2 belge n’a pas les mêmes exigences que le championnat de National par exemple. Le niveau est proche mais c’est quand même plus physique, plus direct.

Comment gagnes-tu ta vie ?

J’ai un contrat semi-professionnel au club. Qui me permet de vivre correctement.

Tu t’es bien habitué à la vie en Belgique ?

Oui, c’est différent mais agréable. J’ai été surpris car après les matchs les gens restent très tard au club house. Ils sont très attachés au club. Ils viennent au stade pour partager en famille pas seulement pour 1h30 de match.

Que fais-tu en dehors du Football ?

J’aime bien me balader, découvrir la Belgique. Mais vu que les entraînements sont plus “costauds” qu’en France, j’en profite aussi pour beaucoup me reposer. Les séances sont plus longues et démarrent à cent à l’heure. Au début ça surprend.

Quel est ton meilleur souvenir de foot ?

A titre personnel, c’est mon but contre Lyon en coupe de France. Le match contre Lyon c’est… indescriptible, un truc de fou !

Comment voyez-vous votre avenir ? Dans le football ou en dehors ?

Mon avenir, j’espère vraiment continuer ma progression, jouer le plus haut possible. Et dans la vie, la santé avant tout. Mais on est pas à plaindre, loin de là.

Merci Valentin, bonne saison et à bientôt en France !

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