Parole de gardienne avec Mélodie Carré, VGA Saint Maur

Le Football Féminin est en plein développement mais comme chez les garçons, ce sont surtout les Attaquantes que l’on met en avant. Rencontre avec la jeune et talentueuse gardienne de but de la VGA Saint Maur, club de D2 Féminine, Mélodie Carré. 

Qui es-tu Mélodie Carré ?

Je m’appelle Mélodie CARRE, j’ai 22 ans. Je passe actuellement mes diplômes d’entraineur et je suis gardienne de but à la VGA St Maur depuis cette saison.

A quel âge as-tu commencé le foot ?

J’ai commencé le foot en club à l’âge de 6 ans. Je jouais beaucoup à l’école et après l’école chez des amis de mes parents. Que de bons souvenirs en tout cas.

Tu as été formée au Sport-Etudes du Mans. Raconte-nous cette aventure ?

J’ai effectivement été formé au Mans après être passée par un village près de chez moi, à St Georges du Vievre où j’ai débuté le foot en club. Je suis ensuite partie jouer au FCSN (Serquigny – Nassandres) où j’ai passé de très belles années avec les garçons ! Surement les meilleures d’ailleurs. Et enfin au CA Lisieux où j’ai débuté avec les filles. Mon père souhaitait que j’intègre un sport étude, en Normandie il n’y en avait pas à cette époque. J’ai donc rempli un dossier de candidature pour la section du Mans et je suis allée passer des tests. Après quoi, j’ai été retenue. Le Mans est devenu mon club et ma ville de cœur, j’aime cette ville et tous mes amis sont là-bas. Côté foot, j’ai énormément appris avec Xavier Aubert, responsable de la section lycée et entraineur de la D2 à cette époque-là. J’ai énormément évolué avec tous les entraineurs de gardien de but que j’ai pu avoir. Tous m’ont apporté quelque chose. Ca serait long de raconter toute mon aventure, il s’est passé tellement de choses entre nos titres de championne de France Futsal avec le lycée, mes coéquipières et mes premiers pas en D1 contre l’OL, mais également ma blessure qui m’a écarté des terrains pratiquement 2 ans.

Tu es passée par Yzeure où tu as rejoint Xavier Aubert qui était déjà ton entraineur au Mans. Tu y es venue pour lui ?

Oui c’est exact. Je ne sais pas si le terme « venir pour lui » est le bon mais en tout cas c’est grâce à lui si j’ai pu avoir cette expérience. Il m’a contacté en fin de saison pour savoir ce que je comptais faire, étant donné que j’étais blessé je ne me voyais pas spécialement partir, mais je voulais voir également autre chose que Le Mans. Ça n’a pas loupé (Rires) ! Il m’a présenté son projet avec Yzeure et m’a expliqué que je serai 2ème gardienne. Je n’avais rien à perdre sachant que j’arrivais blessé et qu’il savait que j’aurai une longue période de rééducation. Quand j’ai su que deux coéquipières partaient  également à Yzeure, ça a surement influencé indirectement mon choix car partir seule, je ne sais pas si je l’aurai fait.

Y a-t-il vraiment une différence de niveau entre le haut du tableau et le bas en D1 Féminine ?

Malheureusement oui ! Mais on peut voir que cette saison Guingamp et Soyaux sont encore plus fort que la saison passée et elles arrivent à rivaliser avec Montpellier ou même Juvisy. Donc c’est une très bonne chose pour la D1 féminine. Albi aussi se débrouille pas mal pour sa première saison. Malheureusement, on sait qu’il y a des équipes du bas de tableau qui ont plus de difficultés. On voit bien la différence entre ceux qui s’entrainent tous les jours voir 2 fois par jour et ceux qui s’entrainent le soir après une bonne journée de travail. La définition des clubs professionnels et amateur.

Tu es aujourd’hui à la VGA Saint Maur (région Parisienne) qui lutte pour la montée en D1. Pourquoi ce défi ?

La saison à Yzeure avait été difficile dans tous les domaines, j’avais donc envie de partir et d’avoir du temps de jeu. J’ai eu un contact qui m’a parlé de St Maur et de son projet. J’avais également suivi leur parcours durant la saison dernière et c’est grâce à cette personne que j’ai pu venir faire des essais en fin de saison, qui se sont avérés concluants. J’étais contente, le club à un très bon projet et nous sommes bien entourés au club.

Ce club a une grosse histoire dans le foot féminin (6 titres de champion). Est-ce qu’on vous fait sentir la pression de cette histoire ?

Non pas vraiment, on sait ce que vaut le club et on connait son histoire mais on ne se met pas de pression. Malgrè tout, nous avons à cœur de monter en D1, pour la présidente, les coachs, les personnes qui nous soutiennent tous les week-ends et aussi pour que justement ce club historique retrouve l’élite. Ça serait formidable de retrouver la VGA en D1.

Gardienne de but, c’est vraiment ton poste ? Pourquoi ce poste ?

Oui, c’est vraiment mon poste étant donné que je n’ai jamais joué ailleurs que Gardienne de but (c’est peut-être pour ça que j’ai un mauvais jeu au pied mdr). Surement parce que plus petite j’avais les pieds carrés, il faudrait demander à celui qui m’a initié au football. J’ai donc toujours joué gardienne et même si des fois j’aime me défouler en jouant attaquante, mes cages me manquent quand je n’y suis pas. Pouvoir être décisive lors de certains matchs est motivant mais il faut également pouvoir être capable d’assumer ses erreurs. C’est plus difficile mais ce poste me plait tellement que je ne me vois pas ailleurs sur un terrain.

Parle-nous de ce poste. Que représente-t-il pour toi ?

Comme je l’ai dit précédemment, le fait d’être décisive lors des gros matchs c’est « sympa ». Puis nous sommes le dernier rempart de l’équipe, c’est malgré tout une grosse responsabilité. Je ne sais pas vraiment comment définir ce poste, je ne veux pas non plus être prétentieuse car les erreurs arrivent parfois, c’est pour ça que l’on travail notre poste le plus souvent possible lors des spécifiques. Mais seul les gardiennes comprendront de quoi je parle. Il ne faut pas croire que lorsqu’on sort d’un match, nous ne sommes pas fatiguées. Comme je le dis à mes coéquipières, ce n’est pas la même fatigue. En effet, elles seront dans une fatigue physique car elles courent pendant 90 min alors que nous, la fatigue sera surement plus psychologique. Le fait de devoir toujours être concentrée et prête à intervenir sur n’importe quel ballon, le fait d’être beaucoup sollicité durant un match (ou pas) car justement il arrive de toucher 4 ou 5 ballons par match mais c’est là que l’on ne doit pas faire d’erreurs. Lorsqu’on se « troue » ça se voit direct.

Que doit-on faire pour réussir à ce poste ?

Beaucoup diront qu’il faut être fou/folle dans sa tête pour être gardien/gardienne de but. C’est des heures et des heures de travail technique sur des prises de balle, des déplacements, des plongeons, au détail près. Pour réussir, je pense qu’il faut avoir déjà de l’envie et de la motivation. C’est la base pour tout ce qu’une personne désire en général. Je pense également que pour être gardien/gardienne de but soit on a le « truc », soit on ne l’a pas. C’est peut-être bête à dire mais il y a des personnes pour qui ce poste ne correspond surement pas. J’ai la chance d’avoir commencé très tôt et d’avoir bénéficié d’entrainements spécifiques.C’est très important pour tout gardien de but qui souhaite progresser.

Tu as fait du Futsal. Est-ce si différent d’être gardienne de but de Futsal ?

La technique n’est pas la même mais j’adore le futsal. Cette pratique me manque. J’ai eu la chance d’être présélectionnée en équipe de France Universitaire et nous avions bénéficié de spécifiques avec le gardien de but de l’équipe de France de Futsal. Une superbe expérience ! Même si au futsal le poste se rapproche plus d’un gardien de hand, c’est «Kiffant ». Se faire allumer à bout portant, ça parait dingue mais moi j’aime ça.

Quels sont tes modèles au poste où tu évolues ?

Chez les hommes, j’ai toujours aimé Mandanda même si c’est vrai qu’il manque surement de régularité mais c’est un exemple et il est Normand comme moi. Casillas est un exemple aussi, un très grand gardien de but. On me dit que mon jeu ressemble à celui de Neuer, j’ai toujours eu l’habitude de jouer très haute sur le terrain et de faire des folies. Côté féminin, j’admire Méline Gerard qui évolue à Lyon depuis cette saison, et Amandine Guerin gardienne de Soyaux en D1. Elle est plus jeune que moi mais a un énorme potentiel. Elle a récemment été convoquée avec l’équipe de France A, comme quoi son travail et sa détermination ont payé. Ce sont mes 2 exemples en France.

Que fais-tu dans la vie ?

Je suis assistante d’éducation dans un collège à Champigny sur Marne et je passe également mes formations d’entraineur. J’ai obtenu, la saison passée, mon BMF (Brevet de Moniteur de Football) et là je passe actuellement mon BEF (Brevet d’Entraineur de Football, anciennement Brevet d’État).

Comment organises-tu tes journées entre ton travail, ta formation et les entrainements ?

Je n’ai pas 50 possibilités d’organisation. Lorsque je ne suis pas en formation je travaille du lundi au vendredi au collège et j’enchaine avec le foot après. Ma formation se fait sur 7 semaines donc je dois m’absenter 7 fois du lundi au vendredi répartie durant la saison. 

Comment sont organisées tes journées ?

Le réveil sonne à 5h50, mon sac de foot est en général prêt car entre la fin de mon travail et le foot je n’ai pas le temps de rentrer chez moi. Je me prépare, je prends le temps de déjeuner et à 6h45 je pars pour Champigny, j’arrive en générale vers 7h30, suivant la circulation. La journée de travail se termine à 17h50, le temps de partir j’arrive vers 18h15 à la salle du club. Nous sommes deux en général, c’est un peu notre 2ème maison, on déplie le canapé et on se pose devant la télé avec un petit gouter avant l’entrainement. Il nous arrive souvent de faire une bonne sieste. Et à 19h25, on décolle pour le terrain d’entrainement. Nos entrainements sont les mardis, mercredis et vendredis, de 20h à 22h. Une fois l’entrainement terminé, c’est la douche et retour à la maison vers 22h45, le temps de manger et de se mettre au lit, il est généralement 0h00- 0h30. Et rebelote le lendemain ! Et si je n’ai pas entrainement, en général je dors très tôt.

Que fais-tu en dehors du foot ?

Pas grand-chose cette année malheureusement car mon emploi du temps ne me le permet pas. Le soir, il m’arrive de manger à l’extérieur avec des coéquipières. Nous avons un petit penchant pour le Chinois. Mercredi après-midi je suis au stade avec les jeunes dont je m’occupe. Et les week-ends, c’est foot ! Samedi, le match avec les U16 dont je m’occupe et dimanche nos matchs de championnat. Et quand nous n’avons pas match ou pendant les vacances, je file en général au Mans retrouver mes amis avec qui je suis très proche.

 Rêves-tu d’équipe de France A ?

J’en rêve oui ! Maintenant il faut savoir garder les pieds sur terre. Peut-être qu’un jour ça arrivera ou peut-être pas, ça serait une belle récompense pour mes proches. En attendant la route est longue. J’ai encore énormément de choses à apprendre. Je joue pour le plaisir et parce que le foot est ma passion. On ne sait pas de quoi est fait demain et je ne me pose pas la question non plus. Je vis au jour le jour et qui vivra verra comme on dit …

Quel est ton plus grand souvenir de foot ? (Sur et en dehors du terrain) ?

Mon plus grand … à vrai dire je ne sais pas trop, j’en ai plusieurs. En dehors du terrain, incontestablement le titre de champion du monde en 98, même si je n’avais que 6 ans. Puis sur le terrain, en passant par le Futsal et notre titre de championne de France à Sedan contre l’Olympique Lyonnais et mon premier match en D1 avec Le Mans contre l’OL également. Ce sont des moments qui marquent nos vies. Le football nous apporte des émotions que seul ce sport peut nous apporter, c’est indéfinissable. Les footeuses sauront de quoi je parle.

As-tu une exclu pour moi ?

Malheureusement je ne pense pas, j’aimerais pouvoir dire que nous monterons en D1 à la fin de la saison, mais c’est loin d’être le cas, il faudra encore énormément de travail et de patience. Surtout ne pas baisser de rythme pour ne laisser aucune chance à nos adversaires directs. Il ne faut pas vendre la peau de l’Ours avant de l’avoir tué. Alors nous prendrons match par match.

Je voudrais passer un message à tous mes anciens entraineurs (Joël, Thierry, Laurent, Claire, Michel, Bertrand, Xavier, Stéphane, Richard, Gillou et Greg) et également les dirigeants qui nous ont toujours suivi. Je n’ai jamais trop eu l’occasion de le faire mais je voudrais les remercier de tous leurs investissements et de m’avoir fait confiance. Si j’en suis ici aujourd’hui c’est également grâce à eux et à leur travail qui a été bénéfique pour moi. Et merci à vous pour cette interview.

Merci Mélodie et en bientôt en D1 !

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