La tête et les jambes … pour la footballeuse Mélissa Plaza !

Les sportifs de haut niveau sont souvent montrés du doigt par l’opinion publique pour leur manque de culture ou leur manque d’études. Et pourtant ce n’est pas toujours vrai. Rencontre instructive avec Mélissa Plaza, joueuse de l’Olympique Lyonnais et étudiante à plein temps.

Qui êtes-vous Mélissa Plaza ?

Je suis une footballeuse et étudiante de 25 ans, qui a beaucoup voyagé dans sa “jeunesse” mais dont les attaches sont plutôt dans l’ouest de la France (Loire Atlantique et Vendée). Sur le plan footballistique, j’ai commencé le football avec les filles en premier lieu à St Pierre en Faucigny (74). Aujourd’hui, avec le recul je regrette de ne pas avoir démarré chez les garçons, ce qui m’aurait probablement permis de progresser beaucoup plus vite. Ensuite, et ce après d’innombrables déménagements avec mes parents, j’ai trouvé un club dans la Sarthe (72), Arnage, pour lequel j’ai joué 2 années. Et puis, il a fallu un jour sauter dans le grand bain, quitter la famille pour intégrer un sport étude. Ça a certainement été le meilleur choix que j’ai jamais fait, j’avais 13 ans et j’avais déjà des convictions, je voulais vivre du foot même si c’était pas “un sport de filles” et surtout même s’il fallait aller contre le gré de certaines personnes proches. Je suis entrée au sport étude de Tours où j’ai évolué un an. J’ai ensuite tenté le tout pour le tout en faisant le concours d’entrée à Clairefontaine où j’ai été refusée parce que je n’avais pas le niveau, mais où j’ai reçu un conseil très précieux : intégrer le sport étude de la Roche/Yon. J’ai donc fait 3 années de lycée en sport étude à Pierre Mendès France avant de faire 3 ans de fac sur Nantes. En tout et pour tout, 6 années passées au club de l’ESOF où j’ai appris autant de choses footballistiques qu’humaines et sociales. Après avoir obtenu mes premières sélections en équipe de France jeune et en A, tout est allé très vite, j’ai été appelée à Montpellier où j’ai passé 4 années et puis me voici aujourd’hui à Lyon, dans un des meilleurs clubs de football féminin à l’international. Parallèlement, je poursuis mes études et je suis actuellement en 2ème année de thèse en psychologie-sociale, et je ne vous surprendrai certainement pas si je vous dis que je travaille sur les stéréotypes sexués dans le sport !

D’où vous vient cette passion pour le football ?
Pour être honnête, je ne sais pas du tout et je n’aime pas trop cette question. Elle est récurrente mais surtout elle nous demande de nous justifier sur les raisons qui ont amené une petite fille à faire du foot. Si j’avais fait de la danse, je ne suis pas sûre que vous m’auriez posé cette question. Et si c’était simplement un choix, l’expression d’une préférence sportive… Oublions simplement un instant que le foot est connoté masculin.

A quel âge avez-vous commencé ?
J’ai commencé à 8 ans, et j’adorais jouer avec les garçons dans la cours de l’école, dommage d’ailleurs que l’aventure ne se soit pas poursuivie en club.

Après votre formation, vous avez joué 6 ans à La Roche sur Yon et 4 ans à Montpellier. Que retenez-vous de ces expériences ?
La Roche a été mon club formateur à tout point de vue, et je n’oublierai jamais. Montpellier ça a réellement été le début de ma carrière à haut-niveau puisqu’on jouait le haut de tableau de la D1 et aussi la ligue des champions, la première année du moins. Je pense avoir acquis beaucoup d’expérience d’une part sur le plan footballistique mais aussi d’autre part, de m’être blindée sur le plan psychologique parce que le haut niveau est très loin d’être un monde de bisounours.

Cette saison vous avez rejoint “l’ogre” Lyonnais, pourquoi avoir lâché Montpellier ?
Je ne crois pas que le terme lâché convient tout à fait. La vie est faite de choix, et quand vous avez l’opportunité de choisir entre un très grand club (OL) qui possède le plus grand nombres de titres, le plus grand nombre d’internationales (Françaises et étrangères) et un bon club (MHSC), le choix se fait plus facilement et surtout sans remords.

A 25 ans, c’est l’âge idéal pour se fixer à un poste ? Pensez-vous que votre polyvalence vous sert ou vous dessert ?
C’est vrai que je suis une joueuse atypique puisqu’il n’y a pas un poste où j’excelle particulièrement mais plusieurs postes où je suis assez à l’aise pour m’exprimer. Je crois que ça a ses avantages et ses inconvénients. Je reste persuadée que c’est important d’être assez malléable et capable de s’adapter à différentes situations de matches quel que soit le poste auquel on évolue. En revanche, être fixée à un poste permettrait certainement de s’aguerrir et de progresser plus rapidement à ce poste.

Vous avez un agent, chose encore rare dans le foot féminin. Comment se passe cette collaboration et pensez-vous que l’intérêt des agents est une bonne chose pour le foot féminin ?
Je ne suis pas en mesure de vous dire si le football féminin a besoin d’agents pour le moment. Je pense que cela est évidemment dépendant de la situation personnelle de la joueuse. J’avais besoin de m’entourer d’un agent pour des raisons sportives et personnelles donc c’est ce que j’ai fait et je suis entièrement satisfaite de notre collaboration professionnelle.

Regardez-vous ce qu’il se passe dans le foot d’en bas, le foot amateur masculin ou féminin ?
Je dois dire que je m’intéresse surtout à ce qu’il se passe dans le football féminin et ce quel que soit le niveau.

Seriez-vous prête à aider de jeunes footballeu(ses)rs et associations liées au football ?
Je pourrais effectivement envisager de m’investir dans ce type d’associations mais pour l’instant je dois absolument finir ma thèse, c’est un temps plein à côté du foot qui ne me laisse que peu de temps pour moi.

Justement en plus du foot, vous êtes une jeune femme cultivée car vous continuez vos études ?
Cultivée, je ne sais pas mais en tous cas je tâche de le devenir. Ça a toujours fait partie de mon équilibre de vie et ça me permet d’exprimer pleinement ma personnalité. Et puis le foot ça ne dure pas toute la vie alors il faut prévoir l’après du mieux qu’on peut.

Comment gagnez-vous votre vie ?
Je suis professionnelle à Lyon et j’ai eu la chance de décrocher une allocation doctorale (une bourse qui finance ma thèse). Aujourd’hui on peut dire que je vis du foot mais ça n’est le cas que depuis que je suis à Lyon. Il y a beaucoup d’autres clubs où les filles ne sont pas pros et doivent allier au quotidien un boulot à temps plein et le football.

Pour ou contre les qataris au PSG ?
Du moment qu’ils agissent en faveur du développement du football féminin, je trouve ça plutôt bien.

Qui est la meilleure footballeuse de la planète ? Et Française ?
C’est une question compliquée, je crois qu’il y a beaucoup de très bonnes joueuses dans le monde mais je dirai que je suis impressionnée (et encore plus depuis que je suis à l’OL) par Lotta Schelin. Elle est phénoménale et a toutes les qualités d’une excellente attaquante. Concernant les Françaises, le choix est compliqué surtout lorsqu’au quotidien on côtoie les meilleures joueuses chacune avec des qualités différentes mais surtout des postes différents. Impossible donc de n’en retenir qu’une !! Je regrette juste qu’aucune n’ait été nominée pour le ballon d’or.

Quelles sont les espoirs du foot féminin Français selon vous ?
Étant donné les titres qui ont été gagnés récemment chez les jeunes, on peut voir que la relève est là et ça c’est super encourageant pour la France. Sandie Toletti et Griedge M’Bock qui ont été appelées il y a quelques jours chez les A, sont pour moi, vraisemblablement de grands espoirs du foot féminin Français.

Vous avez un physique “agréable”. Avez-vous déjà été contacté pour du mannequinat ou de la pub ?
Merci pour ce compliment. J’ai effectivement déjà fait de la pub pour le MHSC, une pub très sexiste qui ne visait même pas la promotion des féminines et que j’ai amèrement regrettée. Cela dit j’adore faire de la photo et bien que je n’ai jamais eu de proposition de mannequinat si l’occasion se présentait j’y réfléchirai sérieusement.

Quel est votre plus grand souvenir de foot ?
J’en ai beaucoup mais je dirai quand même la coupe du monde au chili ! Mais d’ici la fin de saison ça peut changer, en tous cas je l’espère ! (sourire)


Merci Mélissa, bonne saison et à bientôt en équipe de France !

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