Interview de Franck Béria (Lille), un modèle pour les jeunes Footballeurs

Il est l’exemple du joueur discret en dehors du terrain et pourtant sur le terrain, il est une référence. Rencontre avec Franck Béria, défenseur fidèle du LOSC.

Qui êtes-vous Franck Béria ?

Natif d’Argenteuil, j’ai la chance d’exercer le métier de footballeur professionnel depuis plus de 10 ans.

Vous êtes d’origine Malgache. Quels rapports entretenez-vous avec vos origines ?

Je reste proche de mes origines car elles font partie de mon histoire. J’ai grandi grâce à de belles valeurs. Né en France, j’ai la chance d’être issu de deux cultures différentes. C’est donc pour moi une fierté et une richesse.

Vous avez démarré votre formation à l’INF Clairefontaine. Pourquoi avoir choisi ensuite le FC Metz ?

Lorsque vous intégrez Clairefontaine, beaucoup de clubs pros vous tournent autour. Ça commence très tôt. C’est pourquoi le rôle des parents est un tournant lorsque l’on doit faire un choix si jeune. Mon père était exemplaire et respectueux dans son comportement. Il était présent mais jamais envahissant. J’ai donc bénéficié du libre arbitre pour choisir l’endroit de ma formation. Le FC METZ est connu pour sa politique aux vertus formatrices. Je savais donc que ça irait plus vite pour moi dans ce genre de structure. De plus, le discours de Francis DE TADDEO, (directeur du centre à l’époque), m’a sensibilisé et s’est distingué des autres “usines” car il avait déjà la conviction que j’y arriverai (à condition que je prenne mon métier au sérieux). J’ai donc joué mon 1er match de CFA à l’âge de 16 ans… 

Dans votre carrière vous avez joué dans seulement deux clubs. Une rareté aujourd’hui. Ceci prouve que vous avez besoin de vous sentir bien dans votre “famille club” ?

Pour moi, les statistiques ne sont pas une science exacte. Ce n’est pas parce que j’ai seulement joué dans deux clubs qu’il est question de confort ou de “club famille”. La principale raison est que chacun des projets sportifs qui m’ont été proposés ont toujours été compétitifs. A 30 ans, le challenge et le plaisir sont encore au rendez-vous. Par conséquent, je n’ai aucune raison de me passer de tout cela car on fait ce métier pour baigner dans ce genre de sentiment.

A la fin de cette saison, vous allez sans doute vouloir “goûter” à autre chose. Pour vous, c’est mieux un grand club en France (PSG, Lyon, Marseille, Monaco) ou un club entre la 6ème et 12ème place dans un grand championnat Européen ? 

L’important pour un sportif de haut niveau c’est de se sentir désiré et voulu. Il faut qu’un président et/ou un entraîneur souhaite votre présence au club. Tout le reste est secondaire. 

En Angleterre par exemple, car les défenseurs marquent plus souvent qu’en France ! Avec 3 buts en 7 ans au LOSC, ce n’est pas un bilan extraordinaire (lol) ?

Je suis complètement d’accord, j’ai encore une grosse marge de progression dans ce domaine. (RIRE)

Vous considérez-vous comme un leader ? Un leader de terrain ou/et de vestiaire ?

On devient un leader par les actes et sûrement pas parce qu’on le revendique. Dans un vestiaire, ce sont souvent les plus anciens. Mais il arrive aussi que les choses se fassent d’elles-mêmes. Ce n’est pas toujours une question d’âge. Il suffit d’observer la vie d’un effectif pro. Parfois, c’est la vie de groupe qui désigne naturellement ses cadres légitimes.

Comment définiriez-vous votre caractère ?

Question difficile car il n’est jamais évident de parler de soi-même. (Il vaut mieux se rapprocher d’un de mes coéquipiers).

Suivez-vous le foot amateur ? Et féminin ?

Même si j’aime passer du temps avec des enfants dans les clubs amateurs, j’avoue ne pas prendre le temps de m’y intéresser plus. Malgré tout, je garde un œil sur mes proches (amis et familles) qui évoluent en club amateur, et les grosses compétitions internationales féminines.

En dehors du foot, Franck Béria il fait quoi ?

J’essaie d’être présent au maximum pour ma compagne et mes 2 enfants. J’ai repris les cours à la FAC de sport de Lille. De plus, Grégory WIMBEE, Franck CHARLET (partenaire du LOSC) et moi-même avons ouvert un complexe de football indoor. Le FIVE Lille Lesquin est un bel outil où je prends beaucoup de plaisir à rencontrer les supporters.

Avec une baguette magique, qu’est-ce que vous changeriez dans le foot ? et dans la vie “normale” ?

Tout est perfectible, dans la vie comme dans le football mais d’un coup de baguette magique ça ne serait pas drôle. Lol

En France, on a un problème avec l’argent. Comment expliqueriez-vous qu’il est normal qu’un footballeur gagne de l’argent ?

Je pense que de manière générale la vision est fausse. Beaucoup de personne se trompent car je ne vois aucun problème a gagner de l’argent. La vraie question c’est le rapport qu’on a avec l’argent.  Qu’est-ce que cela implique ? Quelle perception dans la société ? D’où viennent les jugements ? Comment le gérer ? Et pourquoi ? Il ne faut pas stéréotyper systématiquement l’argent de manière négative. 

L’équipe de France, vous y croyez encore ? (Pour moi, il n’y a aucun doute, vous devez aller au Brésil pour vos qualités, votre polyvalence et votre état d’esprit)

Merci mais une seule personne décide de cela. (RIRE)

Vous avez 30 ans et une belle expérience des différentes générations. Comment vous entendez-vous avec la nouvelle génération ? Qu’a-t-elle de différente ?

C’est un vrai sujet qui mérite d’être mis en avant. Trouver un discours “inter-génération”, c’est à dire trouver la recette pouvant fédérer et intéresser les plus jeunes autour de leurs aînés. Néanmoins, je pense que c’est un problème d’ordre général et pas uniquement présent dans le football.

Même s’il vous reste de belles années, comment voyez-vous l’après carrière ?

Je ne me projette pas trop loin car j’ose espérer pratiquer ma passion encore longtemps. Mais j’avoue avoir une légère réflexion sur la suite, sans rien de complètement défini.

Vous êtes également un des parrains de l’association ELA. Comment vous êtes-vous engagez dans cette association et pourquoi ?

J’ai été approché par Jean Claude SATTA dès mes premières apparitions en pro à l’époque où je jouais à METZ. Je me suis rapidement senti concerné car j’ai pu mesurer l’impact positif qu’avait mon métier sur les enfants atteints de Leucodystrophie. 

Quel est votre plus grand souvenir de foot ?

Il y en a beaucoup, autant les titres que les maintiens parmi l’élite… En général, j’apprécie le quotidien et l’ambiance qui règne dans une vie en collectivité.

Merci Franck et bonne fin de saison

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