Geoffroy Garétier, Interview : “N’oublions pas qu’à la création du PSG en 1970, le Real avait déjà gagné 6 fois la Ligue des Champions !”

 

Geoffroy Garétier est un journaliste sportif innovant. Passionné de statistiques, il a créé le CRISS (Centre de Recherche en Intelligence Statistique et Sportive), un laboratoire d’idée pour réfléchir autour du football. Interview décapante !

 

 

Qui es-tu Geoffroy Garétier ?

Je suis un homme de taille moyenne, quand j’étais jeune en tout cas j’étais de taille moyenne mais au rythme où les générations grandissent je serai de petite taille quand je rendrai mon dernier souffle. Je suis né avant le petit pas de Neil Armstrong sur la Lune. Mes cheveux bruns grisonnent, mes yeux bleus virent au gris mais intellectuellement ça fonctionne encore !

Raconte-nous ta jeunesse footballistique à Niort ?

Je ne sais pas où tu as lu que j’ai eu une jeunesse footballistique à Niort  Tout juste une brève enfance vu que mes parents ont quitté la ville quand j’avais 4 ans. Ma jeunesse footballistique n’est pas une ville, c’est la saga de l’Ajax en Ligue des Champions au début des années 70.

As-tu joué au football durant ta jeunesse ?

Qui n’a pas joué au foot étant gamin ? J’y ai joué bien sûr, sur les terrains “pourris” de Bagatelle, le rendez-vous des sports co. au Bois de Boulogne, ou sur les terrains de l’île de Puteaux.

Que représentait le foot dans ton adolescence et que représente-t-il aujourd’hui ?

Dans ma jeunesse physiologique c’était une distraction mais déjà le lieu de discussions enflammées, d’émotions fortes comme la qualification des Verts contre Kiev où celle des Bleus contre la Bulgarie. Enfant, on apprend les couleurs, Ado on leur donne un sens.

Le football était le sport dans lequel tu voulais travailler ?

J’ai commencé des études de droit et j’ai eu l’occasion, à l’été 1987, de faire un stage au Journal du Dimanche. Ce fut le coup de foudre. Moi pour le métier et eux pour moi il faut croire, car à la fin de mon stage ils m’ont proposé de me garder en piges. Tout est parti de là. Le foot était l’apanage des seniors du service des sports. J’y ai trouvé ma place plus tard. J’ai commencé par écrire sur la Boxe, univers trouble et passionnant s’il en est. Les combats de légende, il y en avait chaque semaine ou presque à l’époque avec Hagler, Hearns, Leonard, Curry, Duran, McCallum, l’ascension fulgurante de Tyson, celle plus laborieuse de Holyfield, le retour improbable de Foreman. Et des petits français qui cumulaient des ceintures mondiales après 30 ans de disette : René Jacquot successeur d’Halimi puis Fabrice Benichou et bien sûr Christophe Tiozzo, dont j’ai suivi la carrière des années durant, avec en filigrane son mentor Jean-Christophe Courrèges, un personnage hors-norme.

Tu es “fan” de statistiques. Pourquoi ? 

Parce les Stats résument l’histoire en quelques chiffres et souvent mieux qu’une kyrielle de mots. Parce que ce sont des infos. Parce qu’elles aident à donner du sens aux discours, qu’il soit politique ou footballistique.

Du coup, tu fondes le CRISS (Centre de Recherche en Intelligence Statistique et Sportive). C’est quoi ?

Un laboratoire d’idées qui m’a permis d’alimenter “Footballogie”, mon Blog sur la plateforme du Figaro / Sport 24, entre 2010 et 2014. Le Blog est désormais clos et le CRISS est, du coup, en sommeil. Mais je recherche toujours et l’intelligence reste en éveil. J’espère en tout cas !

Grand reporter, consultant, Présentateur, rédacteur en chef… Tu as fait plein de choses durant ta carrière mais qu’as-tu préféré faire ?

Je ne peux pas choisir. Dans une vie il y de très beaux moments et des franchement mauvais mais à la fin, ce ne sont que des moments. J’ai des souvenirs très forts de chacune de ces périodes et j’espère que ce n’est pas fini.

Les Spécimens, c’était une belle aventure?

Oh que oui ! Parfois difficile au début, car je découvrais la télé et ses codes mais j’y ai beaucoup appris aux côtés de personnages comme Charles Villeneuve et Pierre Ménès en plateau, et de vrais journalistes comme Karim Nedjari ou David Barouh, actuel rédacteur en chef du football à Canal.

Parle-nous de ton ouvrage « C’est joué d’avance » (Editions Prolongations) ?

Le bouquin de foot le moins compris, le moins vendu, le plus audacieux et le plus brillant de l’histoire de la littérature ! Si c’est trop modeste, je te laisse le soin d’en rajouter.

Tu as une approche peu commune du football. Comment l’expliques-tu ?

Je ne peux pas l’expliquer. Cette approche est la fille naturelle de Johan Cruyff et de mon ouverture d’esprit. Et puis j’ai peut-être fait les bonnes rencontres ou les mauvaises qui sait ?

C’est quoi le concept de Footballogie ?

C’est un discours sur le foot. Un discours moderne, global, transversal, adapté à la vraie nature du foot, lequel est tout sauf un jeu. Je te renvoie à la définition qu’en donnait (ou en aurait donné) Bill Shankly. Avec les années, le discours a mûri, lissé ses excès statistiques et a rejoint le discours journalistique tout en l’enrichissant.

Qui est le meilleur consultant que tu es connu dans ta carrière ? et le meilleur actuellement ?

Au risque de te décevoir j’en croise beaucoup et souvent des très bons ! Donc soit je cite plusieurs noms, soit je n’en cite aucun. Citer le meilleur joueur de tous les temps est déjà compliqué, alors le meilleur consultant… Disons que j’apprécie beaucoup la pédagogie d’un Eric Carrière ou la clarté d’un Christophe Lollichon mais il y en a d’autres et je m’en voudrais de les oublier.

Qui est ton exemple et/ou ton mentor ?

Des journalistes comme Denis Lalanne, Charles Biétry, Jean Hatzfeld ou Olivier Margot m’ont soit donné envie de faire ce métier, soit donné des clés pour devenir meilleur. Désolé si cela remonte aux années 80… Je te rappelle que je suis né à l’époque où les Beatles chantaient !

Quel rapport as-tu avec les joueurs en général ? Tu as des amis/copains footballeurs d’aujourd’hui ou d’hier ?

Ni amis, ni ennemis. Mais on rencontre beaucoup de gens à la télé, c’est l’un des avantages du métier. Je retrouve régulièrement d’anciens joueurs sur qui j’ai fait des papiers jadis comme Vincent Guérin, Raynald Pedros ou Youri Djorkaeff récemment, et toujours avec plaisir.

Que comptes-tu faire après le groupe Canal + ?

Franchement, je n’en sais rien. Je ne pense pas plus loin que demain en matière de travail. La vraie question c’est plutôt : que compte-t-il faire de moi.

Que penses-tu de la Ligue 1 ?

Une valeur en hausse. La Ligue 1 mériterait d’avoir 4 clubs en Ligue des Champions la saison prochaine au même titre que l’Italie ou l’Allemagne.

Du PSG sous l’ère Canal + et du PSG d’aujourd’hui ?

Du PSG – Real de 1993 au PSG – Barcelone de 2017, finalement l’histoire a repris ses droits malgré les aléas et les blessures de jeunesse. Le club est encore en formation. N’oublions pas qu’à sa création, en 1970, le Real avait déjà gagné 6 fois la Ligue des Champions.

Est-ce que tu t’intéresses au Foot féminin ?

D’un peu plus loin mais je ne m’en désintéresse pas. J’ai même des idées pour lui, pour le faire progresser. Donne lui mon 06 si tu le croises un de ces jours…

Quel est ton plus grand souvenir de foot ?

Je devais avoir 12 ou 13 ans et j’ai marqué un but fantastique d’une volée de l’extérieur du droit dans un angle impossible bien après le deuxième poteau, dans un match entre potes à l’île de Puteaux. Sinon en tribunes le plus grand souvenir parmi les plus grands souvenirs, la finale de l’Euro 2000, France-Italie à Rotterdam. La violence de l’émotion quand Wiltord égalise… Indescriptible. Un orgasme puissance 10000.

Quand tu veux voir du foot tu vas où ?

J’essaie de voir les clubs parisiens autant que possible. Le Parc bien sûr, Charléty quand je peux. Mais mon vrai plaisir, depuis le début de saison, c’est d’avoir pu retourner à Bauer. Dès que le Red Star joue le samedi en décalé, je fonce à Saint-Ouen. J’essaie d’être en avance pour me prendre une merguez-frites avec moutarde et mayo qui débordent de la barquette et je m’assois au milieu de la tribune d’honneur, la seule encore en état. C’est le bonheur à l’état brut, quasiment une madeleine de Proust, bercé par les chants incessants des ultras.

Quel match aurais-tu voulu assister mais tu n’y été pas ?

J’aurais voulu être au Jalisco le 21 juin 1986 pour le France-Brésil de la Coupe du Monde Mexicaine et le lendemain au stade Aztèque pour Argentine-Angleterre. De préférence assis à côté de Victor Hugo Morales au moment où Maradona entame son sprint hallucinant au milieu de la défense anglaise, déclenchant le plus fabuleux commentaire de tous les temps… « Barillet cosmique, de quelle planète viens-tu… »

As-tu une exclu pour moi ?

Aucune. Je ne suis pas un journaliste de Mercato car ce n’est pas du journalisme. Et je suis aussi fier de faire ce métier que navré de voir ce qu’il devient trop souvent.

 

 

Pour définitivement bien te connaitre, “l’interview en un mot” : 

Ton artiste : Dieu s’il existe ! Sinon l’Univers pour son oeuvre majeure : lui-même
Ton film culte : Europa de Lars Von Trier
Ta chanteuse : Beth Gibbons
Ton appli mobile : Soccerway et Chauffeur Privé
Ta série TV : 24 : Legacy
Ton acteur(rice) : Anthony Hopkins et Emma Thompson
Ton chanteur : Jim Morrisson, Kurt Cobain, Chester Bennington, Eddie Vedder, Mick Jagger et Jacques Brel
Ton look de tous les jours : Veste en velours Boss bleu nuit, chemise noire, jean’s et chaussures noires.
Ton style vestimentaire pour les sorties : le même !
Dans ton dressing : J’ai déjà répondu deux fois…
Ta couleur préférée : Noir
Foot manager ou FIFA : Aucun des deux

 

 

 

 

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